Pourquoi s’adapter ?

Partager la page

Les effets du changement climatique sont déjà visibles et vont s’accentuer. L’adaptation vise à réduire l’exposition et la vulnérabilité des personnes, des infrastructures, des territoires et des écosystèmes aux impacts du changement climatique.

Du fait de leur longue durée de vie, les gaz à effet de serre émis par les activités humaines s’accumulent dans l’atmosphère, conduisant à une hausse de la température partout dans le monde. Ce réchauffement entraîne des modifications majeures des extrêmes de températures, d’une augmentation de l’intensité des pluies extrêmes, de la sévérité des sécheresses, de la fréquence et de l’intensité d’évènements climatiques autrefois rares, de la fonte des glaciers et de la hausse du niveau des mers.

Ces modifications du climat ont des impacts importants, y compris en France : inondations, pénuries d’eau, sécheresse des sols, canicules, feux de forêts et de végétation, retrait-gonflement des argiles… Malgré des politiques de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, l’accumulation et la persistance de ces gaz dans l’atmosphère nous poussent à prendre en compte une réalité : les impacts du changement climatiques vont continuer à s’aggraver au fur et à mesure du réchauffement des températures, chaque fraction de réchauffement ayant un effet significatif. C’est une réalité scientifique qu’il convient d’anticiper. Il est donc nécessaire de s’adapter au changement climatique, c’est-à-dire gérer les impacts d’ores et déjà constatés mais aussi anticiper les conséquences probables du changement climatique dans les années et décennies à venir.

Certains investissements (construction d’habitations et d’infrastructures, gestion des forêts, …) se font sur un temps long qui nécessite d’anticiper dès aujourd’hui les changements climatiques qui arriveront demain, à la moitié, voire à la fin du siècle. Il est nécessaire de planifier en amont et dès maintenant les efforts plus ou moins rapides qui devront être faits pour préparer tous les pans de la société (citoyens, collectivités, territoriales, entreprises) aux effets du changement climatique.

Vidéo La France s'adapte au réchauffement climatique

En France, comme partout dans le monde, les températures augmentent rapidement. En 2023, sa température moyenne annuelle a déjà augmenté d'1,7 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Et selon les scientifiques et experts du GIEC, si nous n'agissons pas, la hausse va se poursuivre +2,7 °C en 2050, +4 °C en 2100. Une France à +4 °C, c'est un bouleversement majeur de nos équilibres climatiques.

Ce n'est pas qu'une question de température. Le niveau des précipitations sera altéré, la biodiversité sera touchée, nos paysages seront modifiés. Les événements climatiques extrêmes vont se multiplier. La physionomie de notre pays va changer. Quelques exemples concrets une France à +4 °C. Des périodes de sécheresse deux fois plus nombreuses qu’aujourd'hui, 22 nuits tropicales en plus à plus de 20 °C par rapport à la période 1976-2005.

Une diminution généralisée de l'enneigement avec par exemple un taux d'enneigement divisé par 3 à 1500 mètres d'altitude dans le massif du Mont-Blanc. Un risque de feux de forêt plus étendu et intense, Une France +4 °C, c'est aussi des risques accrus pour notre santé, notre accès à la ressource en eau, nos activités économiques, nos infrastructures, nos écosystèmes, nos loisirs.

C'est pourquoi une France à +4 °C, cela s'anticipe et cela se prépare. Mais s'adapter, ce n'est pas renoncer à lutter contre le réchauffement climatique. La France a la capacité de s'adapter. Nous devons tous nous mobiliser pour nous préparer aux effets du réchauffement climatique en 2024. Cette mobilisation s'accélère avec le nouveau plan national d'adaptation au changement climatique et le déploiement de la planification écologique dans les territoires en 2024.

Nous devons tous, élus, citoyens, entreprises, nous saisir de cet enjeu crucial pour notre avenir. En 2024, la France s'adapte.

Plus le changement climatique sera prononcé, moins nous serons en capacité de nous protéger face à ses effets. Il est donc crucial de limiter au maximum le réchauffement climatique en agissant sur sa cause, c’est-à-dire en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre. C’est ce qu’on appelle l’atténuation. L’adaptation au changement climatique et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre constituent ainsi les deux volets indispensables et interdépendants de toute politique climatique.

La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions de CO2 et les absorptions par les puits de carbone (sols, forêts, produits bois, zones humides, …) d’ici 2050. Afin d’y parvenir, le code de l’énergie fixe un objectif de division de nos émissions de gaz à effet de serre par un facteur supérieur à six entre 1990 et 2050. L’ambition de la France s’inscrit également dans le cadre de l’engagement de l’Union européenne, traduit dans la « loi climat européenne » qui prévoit d’atteindre la neutralité climatique dans l’Union d’ici à 2050 au plus tard.

Nos efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre portent déjà leurs fruits. La France n’a jamais réduit aussi rapidement ses émissions que lors des six dernières années. En 2023, les émissions de gaz à effet de serre nationales ont baissé de 5.8% par rapport à 2022, atteignant un niveau inférieur à celles de 2020 qui représentaient déjà un record historique. Mais le besoin de continuer et de renforcer ces efforts demeure. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la France doit doubler son rythme de réduction des émissions. L’objectif climatique français doit ainsi être ajusté pour passer d’une réduction brute de -40% en 2030 par rapport à 1990 à une réduction tendant vers -50% en brut et de -55% en net (prenant en compte les puits naturels de carbone) sur la même période.

La Stratégie française sur l’énergie et le climat vise une approche intégrée de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique. L’objectif est d’aborder l’adaptation et l’atténuation de manière complémentaire à travers des mesures mutuellement bénéfiques. Certaines solutions d’adaptation, si elles sont mal conçues, peuvent en effet entraver l’atténuation du changement climatique ; ainsi, certains systèmes de climatisation sont émetteurs de gaz à effet de serre très impactant. A l’inverse, la végétalisation des espaces urbanisés permet à la fois de lutter contre les îlots de chaleur urbains et d’augmenter les puits de carbone. Ce sont les mesures « sans regret » et apportant de multiples co-bénéfices pour la société, l’atténuation et la biodiversité que le futur Plan national d’adaptation au changement climatique entend privilégier.

La France s’est dotée dès 2006 d’une stratégie d’adaptation au changement climatique, avec l’objectif de porter une vision mobilisatrice, transversale et de long terme des transformations nécessaires face aux impacts du changement climatique.

Cette stratégie générale a ensuite été déclinée en plusieurs plans, dont le premier Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC)a été adopté en 2011. Premier plan de cette ampleur publié dans l’Union européenne, le PNACC a permis d’inscrire l’adaptation au changement climatique à la fois comme une priorité politique transversale et comme un enjeu opérationnel intersectoriel.

En 2015, dans le sillage de la COP21, la France a lancé des travaux pour élaborer le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-2). Adopté en 2018, le PNACC-2 comprenait des mesures pour adapter la France d’ici 2050 à une hausse des températures de 2°C au niveau mondial.

S’appuyant sur les avancées permises par les deux premiers PNACC, l’objectif du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique est d’accélérer le processus d’adaptation de la France et de se projeter au-delà de 2050. En effet, nombre des décisions qui sont prises aujourd’hui auront des conséquences sur plusieurs décennies, c’est pourquoi il nous faut dès à présent penser l’ensemble de nos politiques à l’aune du climat futur. Par exemple, les bâtiments actuellement construits devront permettre de maintenir une température intérieure acceptable malgré les canicules plus longues, intenses et fréquentes de la deuxième moitié de ce siècle tandis que les arbres qui sont plantés aujourd’hui doivent être capables de pousser dans les conditions climatiques actuelles mais également de supporter les étés encore plus chauds et secs de la fin du siècle.